Mathilda...

Texte de Françoise Riou-Secconi, le 3 mai 2012

Mathilda...

Je vais commencer par pleurer ?
Mais si !
Pourquoi pas ?
Ne t'inquiète pas... tu n'y verras que du feu... J'aimerais tant que les écluses s'ouvrent et m'emportent !
Comment peut-on oublier le savoir-faire de ces choses-là ???
Tu sais toi ?
Je ne sais pas ou plus !
Plus elles s'approchent, s'accrochent, et plus elles me plongent profondément, transportée par elles, les parant... c'est à l'intérieure que volubiles volatiles, elles coulent librement.
Agite-moi ! Secoue-moi !
Secours-moi ?
Tu n'y changeras pas grand-chose...
Je suis en face de toi les yeux vitrifiés pourtant...
Ne vois-tu rien venir ?
Non, tu ne verras que leurs couleurs qui se grisent, s'étoilent de quelques paillettes... c'est bien tout et tout est en ordre… alors tu peux partir rasséréné... Bientôt ils seront si verts, si pers, s'y perdre oui, presque translucides, pour m'y noyer...

Cela ne s'apprend pas ? Et pourtant un jour, tu te réveilles, et tu sais, que tu ne sais plus...
Tes yeux sont gonflés de rêves ? De cauchemars ?
Tu les as oubliés ! Dès les pieds bien à plat posés sur le sol qui te gondole...
Ils se baladent maintenant, ces yeux, leurs poches au vent qui te rafale là ! La façade dans la glace !
C'est moi ça ?
Tu te gardes à vue, ah vous toutes ces ridules ?
Extra perspective ? Non intro inspection !
Pas encore de vraies rides ?
Sûrement !
Mais tu ne les reconnais pas encore !
Paradoxales !
Elles y étaient hier ? Ou où ai-je pu les oublier ?
Me suis-je regardée avec trop de complaisance ?
Ça y est je parle toute seule en plus ! ?
Tu dis quoi ?
Donc j'ai effectivement parlé toute seule !
Affectivement, il m'écoute ?

Je viens de lire un passage qui m'a chamboulée ! Se dit-elle, ou, lui répond-t-elle... d'un homme qui se met à parler sans plus savoir s'arrêter... parce qu'enfin il aime Mathilde ! Il pose sa tête sur son ventre, et il se raconte... ce n'est pas un homme a la peau musicale, comme toi, lui, il fait de la musique avec sa peau, à elle …Tu ne me parles jamais... gravement... on peut rester des heures, des jours entiers, sans que je sache le son de ta voix, le fond de ta pensée ?

J'ai cessé d'écouter ? D'essayer ? J'ai baissé les bras trop de fois ? Une fois de trop ? Ils ne battent plus assez fort ? Ne m'emportent plus vers toi ? Ne te rapprochent plus de moi !

J'ai mal à la tête si mal...

La morphine laisse des traces de paradis artificiels… de dunes… de sables… émouvante stéréophonie...

Paris... Paris...

Je fume trop ! Je bois trop de café !
J'oublie de manger ou je dévore !
J'oublie de m'habiller !
J'oublie mon corps !
Il n'en peau plus ! Peut plus !
Je deviens le cuir de ce canapé ! Affalée-affolée ? Affolant !

Tue-moi-Tais-moi !

Avant que je le fasse définitivement ?
Je ne suis pas assez douée, sensée !
Stp j'ai envie d'en finir avec ce silence!
Laisse-moi partir sans mot ? Ne continue pas de te taire !
Je ne pense qu'à ça ? Me terrer !
Même quand je suis dans tes bras !
Je ne me reconnais pas ? Ce n'est pas moi !

Cela me ronge le cerveau, l'âme et le ventre.... qui me dévore de désirs si violents que j'en jouis vraiment ! Abîmée de spasmes, sans geste, ni parole ! Un film muet... terrible ! Je le vois ! Je le sens ! Cela me sombre, m’envoûte ! Je cours vers une porte cochère !

Je n'ai plus d'âge, ni de raison, de ne pas le faire ? L'enfer s'ouvre sans lui !

Il faut que j'affronte ma rivale ? Cette vie-là ! Elle me va si mal...me fait si mal... l'autre, celle que je ne parviendrait jamais à rejoindre, celle que tu devinais... 26